«Je ne suis pas convaincu par mes certitudes.» Le
graffiti apparaît discrètement, en si petites lettres et écrit
à l’envers, comme susurré, en bas de la toile. Pourtant,
sa présence, sous les yeux éteints d’un personnage,
s’impose si fortement au regard, puis à l’esprit…
La peinture de Jacki Maréchal, dont l’exposition
« Ontologie urbaine » a débuté hier, sallesJean Hélion,
puise sa force dans la réalité et le monde d’aujourd’hui.
« Cela fait partie de mes sources d’émotion. Je suis
assez ému par la tournure que prend notre vie sociale
et sociétale, avec la négation de l’humain et,surtout, la
négation du sens… »
Dans ses travaux, les couleurs jaillissent et percutent,
dans de grands mouvements. Des traits sont griffés ou
peints. Des visages au regard absent, trouble ou perdu,
manifestement partis dans une quête quelconque,
interpellent.
« Un fil conducteur… »
« J’essaie toujours de mettredes personnages qui ont
une espèce de désespérance en les mélangeant avec
des reliquats de mur. Cela peut être des lambeaux de
publicité. Par-dessus, je mets mon humain avec sa
souffrance. C’est un peu une résonance. Où nous mène
tout cela ? Quel sens cela a-t-il ? »
Le mur justement. Le mur dégradé… « C’est un autre
point sur lequel je prends appui. Cela a aussi une
signification : celle de l’ambiguïté qu’il y a dans ce mur
graffité, mais graffité comme on le faisait avant, en
utilisant un canif… Par-dessus, je place des visages de
personnages qui ont l’air égarés, de chercher, de
demander du sens, de l’affectif, de l’humanité… »
La quarantaine de toiles que Jacki Maréchal présente à
Issoire aborde principalement un contexte urbain « tel
qu’on le voit si on a un regard ouvert et poétique, pas un
regard pratique, pragmatique… »
Son regard est « peut-être plus caustique » lorsqu’il se
porte« sur nos paysages publicitaires et la consommation
en général ». Mais ce regard, fort, puissant et résolument
présent,n’apparaît jamais directement.
Jacki Maréchal, dont le geste est maîtrisé et poignant, ne
se place pas dans l’affirmation, plutôt dans la sensibilisa-
tion. « Je ne veux pas que ma peinture soit lue au premier
degré. Il faut que la personne qui voit cette toile ait un
sentiment. Après, elle-même en trouve la signification. A
sa manière, pas à la mienne. Cela n’empêche pas que
j’aie une intention. Je laisse un fil conducteur se dérouler.
Mon inconscient et mon conscient vont se plaquer
dessus. Après, le spectateur plaque son conscient et
son inconscient à lui. Tout cela va constituer un tout qui
s’appelle de l’art. » ■
Pratique. L’exposition est ouverte
jusqu’au 4 décembre, du mardi au dimanche,
de 10 heures à 18 heures. Entrée libre.